Les nouveaux propriétaires du terrain où se trouve la plage de Fossambault-sur-le-lac veulent en faire un projet domiciliaire de luxe. Le promoteur affirme que la population doit faire son deuil et oublier l’accès public à la plage et au lac Saint-Joseph. Il faut protéger et conserver cet accès, qui est l’un des derniers à vocation publique près de Québec.
Depuis 1955, les citoyens du Québec (grand public) ont toujours eu accès à la grande plage de sable de 500 mètres aux abords du lac Saint-Joseph, même si le terrain est privé. Les différents propriétaires du camping au fil des années offraient donc un accès au public. Un promoteur s’est emparé du terrain et des installations vieillissantes dans le but d’y construire des condos luxueux près des berges. Conséquence: la plage, publique pendant plus de 70 ans, deviendra privée et réservée aux nouveaux résidents.
L'accès public menacé
La dernière mouture de son projet prévoit la construction de 226 unités d’habitation et force la fermeture de la plage du Lac Saint-Joseph à des fins privées, ce qui porte atteinte directement aux citoyens, qui ont le droit d’avoir accès au bien commun et patrimoine qu’est l’eau.
Le promoteur souhaite que l’accès à la plage soit réservé aux nouveaux propriétaires et le fermer au grand public. Le terrain acheté est un lot situé dans une zone récréotouristique. Normalement, les constructions qui sont effectuées sur ce type de zonage doivent avoir la même vocation. Le promoteur demande donc que le statut du terrain et la plage du lac Saint-Joseph soit modifié en tant que terrain résidentiel afin d’initier les travaux.
Et si le zonage est modifié, c’est le dernier clou dans le cercueil. Le promoteur, menace de faire un camping privé , aussi avec plage privé, si la municipalité ne change pas le zonage à résidentiel comme demandé . Bâtir un développement à haute densité au bord du lac aurait des impacts néfastes sur le lac Saint-Joseph ainsi que sur le bien-être général des citoyens et citoyennes de la région.
Pas d'acceptabilité sociale
L’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Joseph (L’APPELSJ) s’oppose fermement au projet. Dans un sondage réalisé par la firme SOM plus tôt cette année, 87% des résidents se disent opposés à la construction de logements sur le site et 81% d’entre eux sont favorables au maintien de sa vocation publique et récréotouristique. Pourtant, le projet, qui touchera directement les citoyens de la région de Québec, est toujours sur la table, tandis que la municipalité n’a pas encore refusé la demande de changement de zonage. Même si le changement de zonage n’est pas accordé, la plage risque d’être fermée avec la création d’un camping privé.
Le projet immobilier de luxe et la privatisation de la plage effacerait une partie de l’histoire de la région, qui a toujours eu accès au terrain et aux berges de la rivière, et ce, depuis plus de 70 ans. Personne ne souhaite que l’accès à l’eau en tant que droit fondamental glisse tranquillement vers le privilège, auquel tous et toutes n’ont pas un accès égal.
Repenser le territoire urbain
La plage du lac St-Joseph, située à une demi-heure de Québec et reliée directement par une piste cyclable, est l’une des seules encore ouverte au public aux abords du lac. Fossambault-sur-le-lac, de par sa proximité avec Québec, doit privilégier un modèle d’aménagement qui répond aux enjeux de densification, tout en protégeant l’accès public à la plage et en évitant l’étalement urbain, qui peut créer une discontinuation entre les zones urbaines et les zones rurales de la ville.
Le territoire urbain doit aussi être pensé de sorte que les citoyens et citoyennes puissent jouir pleinement des cours d’eau, dans le respect de l’environnement. L’eau est une ressource collective, mais les berges sont de plus en plus privatisées. La Fondation Rivières valorise l’importance de développer ce type de projet intelligemment, dans les zones périphériques aux villes, afin d’éviter une privatisation des berges au profit d’un promoteur.
Des citoyens de la région du lac Saint-Joseph ont initié une pétition sur le site de l’Assemblée nationale du Québec pour demander que le gouvernement du Québec acquière le site et que sa gestion soit faite par la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ).
La municipalité de Fossambault-sur-le-Lac a déjà organisé deux séances de consultations, qui se sont déroulées les 3 et 15 octobre dernier. Ce fut l’occasion pour les citoyens et citoyennes de la municipalité d’exprimer leurs inquiétudes auprès des élus. La Fondation Rivières espère que ces consultations auront pour résultat de sensibiliser le promoteur face à ces enjeux, en plus d’ouvrir une réflexion sur le développement d’un modèle durable d’aménagement urbain, sans étalement, considérant la proximité avec Québec.