COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SOURCE: FONDATION RIVIÈRES
Montréal, le 19 novembre 2024 –
La Fondation Rivières rend public le classement des municipalités quant à l’intensité de leurs déversements d’eaux usées rejetées sans traitement dans les lacs et rivières du Québec. Il y a eu 44 765 déversements d’eaux usées dans les lacs et rivières en 2023, une diminution de près de 8 400 par rapport à l’année précédente qui cache le fait que l’intensité des déversements a augmenté de 25 % entre les deux années. Les déversements sont moins nombreux, mais ils durent plus longtemps et se produisent de plus en plus souvent durant l’été, là où leur impact est le plus important.
La mesure de l’intensité des déversements, qui tient compte de leur durée et de la taille des ouvrages qui débordent, permet de constater l’impact des pluies abondantes de l’été 2023 sur les déversements d’eaux usées. Par exemple, en Montérégie, les précipitations de l’été 2023 se comparent à celles de 2020 en ce qui a trait à la pluviométrie moyenne (312 et 316 mm) et au nombre de déversements (4 369 et 4 171), mais dans les faits, l’intensité des déversements a augmenté de 41 % entre ces deux étés.
Cette analyse met en lumière les limites de la fréquence des déversements, l’indicateur utilisé par le ministère de l’Environnement pour fixer des objectifs spécifiques de déversements sur chaque ouvrage de surverse du Québec. Aucune cible globale n’est proposée par le ministère de l’Environnement.
« Le nombre de déversements ne nous permet pas de capter l’impact sur la vie aquatique et de récupérer les usages de nos cours d’eau durant l’été. À Beloeil, par exemple, la qualité de l’eau à la piscine en eaux vives a mis plusieurs jours à se rétablir après la tempête Debby à cause des débordements majeurs qui se sont produits en amont tout au long de la rivière Richelieu. Il nous faut un indicateur qui rende compte de l’intensité et de l’impact des déversements sur la santé des rivières et nous demandons au ministère de l’Environnement de le développer et de le rendre disponible rapidement »
André Bélanger, directeur général - Fondation Rivières
Avoir un meilleur indicateur qui rend compte de l’impact des déversements d’eaux usées sur le milieu naturel et les usages (prises d’eau potable, activités nautiques, baignade) permettra de mieux prioriser les interventions à réaliser dans les municipalités pour l’attribution de financements de mise à niveau des infrastructures. Cette mise à niveau doit s’accompagner d’efforts pour appliquer les réglementations municipales sur les raccordements des conduites (gouttières, drainage, etc.), déminéraliser nos villes et mettre en place des infrastructures vertes, qui seront particulièrement importantes lors des fortes précipitations estivales, qui sont de plus en plus fréquentes avec les changements climatiques, comme le révèle aujourd’hui, données à l’appui, l’étude réalisée par la Fondation Rivières.
« Pour avoir des résultats concrets rapidement, il faut mettre en place une planification à l’échelle des bassins versants avec un accompagnement des municipalités et des MRC. On pourrait s’inspirer des bureaux de projets régionaux mis en place par le ministère des Affaires municipales pour l’adaptation aux inondations où les acteurs ministériels s’arriment pour faciliter la prise de décision et le suivi des projets », dit André Bélanger.
La Montérégie toujours en tête du palmarès 2023
La Montérégie est toujours la région ayant la pire performance au Québec en matière de déversements d’eaux usées. La situation de toutes les villes s’est dégradée en 2023, en particulier pour les villes desservies par la Régie d’assainissement des eaux usées de la Vallée du Richelieu (McMasterville, Beloeil, Otterburn Park, Mont-Saint-Hilaire) et celles de l’agglomération de Longueuil (Longueuil, Boucherville, Brossard, Saint-Lambert). D’autres, comme Verchères, Acton Vale et Beauharnois, ont réussi à mieux absorber le choc des fortes pluies de l’été 2023. L’hiver doux a aussi provoqué plus de déversements qu’à l’habitude.
Ailleurs au Québec, quelques villes se sont améliorées, dont Chibougamau, Mont-Tremblant et Mascouche.
Les dérivations: des débordements qui passent sous le radar
Le palmarès 2023 de la Fondation Rivières met également en lumière le recours élevé aux dérivations par plusieurs villes, notamment L’Île-Perrot (545), Lévis (230), Laval (251). Une dérivation consiste à détourner une partie des eaux usées des stations d’épuration lorsque leur capacité est atteinte. Ces rejets, bien que pouvant être partiellement traités, représentent des volumes importants d’eaux usées et ont un impact délétère sur l’environnement.
À Laval, les eaux usées dérivées de la station de Fabreville se retrouvent dans la prise d’eau potable d’Auteuil et l’effet est beaucoup plus important que tous les débordements d’eaux usées sur les 10 km qui séparent les deux stations. Nous avons mis en lumière ce problème spécifique dans le tableau du palmarès.
À propos de l’indice d’intensité des déversements
Le palmarès s’appuie sur les données du MELCCFP disponibles depuis 2017. L’indice d’intensité, développé par la Fondation Rivières, tient compte de la durée des déversements et de la taille de l’ouvrage qui déborde. L’indice des déversements par habitant permet de comparer les déversements en fonction de la population.
Les données de 2017 à 2023 ont été ajustées à la méthodologie employée par le ministère de l’Environnement qui exclut les débordements de moins de 13 minutes. L’exclusion de ces débordements de très courte durée a un impact négligeable sur le calcul de l’intensité (0,02 %).
Les déversements d’eaux usées affectent les espèces aquatiques et, plus largement, la biodiversité. Ils nuisent aux espèces aquatiques en les exposant à une multitude de contaminants et en les privant d’oxygène. Ils peuvent affecter la qualité de l’eau aux prises d’eau potable et compliquer les opérations de traitement et de désinfection requises pour éliminer un maximum d’éléments nuisibles à la santé. Les déversements limitent également la disponibilité de sites de baignade et les activités nautiques.
À propos de la Fondation Rivières
Depuis plus de 20 ans, la Fondation Rivières œuvre à préserver, restaurer et mettre en valeur le caractère naturel des rivières. Elle contribue à assurer la qualité de l’eau et l’accès à l’eau pour la population québécoise, en tenant compte des dimensions sociales, environnementales et économiques.
Consultez le palmarès 2023 : https://bit.ly/4eDTWq7
Carte interactive : https://bit.ly/4fsiGTD
Évolution 2017-2023 : https://bit.ly/4hQLG9n
FAQ Palmarès : https://bit.ly/4fxXY4X
Pour information:
Samuel Sauvageau-Audet
Chargé des communications numériques
Fondation Rivières
514 272-2666, poste 306