COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SOURCE: FONDATION RIVIÈRES
Montréal, le 17 septembre 2024 – PL 69 : La Fondation Rivières s’inquiète de la centralisation des décisions sur l’avenir énergétique aux mains du ministre de l’Énergie, de l’ouverture à l’autoproduction industrielle et à la production privée d’électricité, ainsi que de la hausse à 100 MW du seuil de puissance de nouveaux projets de centrales hydroélectriques privées. Sous prétexte d’accélérer la production d’énergie, le projet de loi 69 (PL 69) ouvre la porte à une privatisation de la production sans contrôle adéquat, menaçant l’environnement, l’économie et la paix sociale, particulièrement en région.
La Fondation Rivières présentera son mémoire sur le PL 69 devant la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles à 16h55 aujourd’hui. Elle sera accompagnée de Carole Neill de la région de la Mauricie qui viendra raconter aux élus à quel point le projet de TES Canada de construire 130 éoliennes dans la région pour une usine de production d’hydrogène provoque un rejet en bloc par les citoyen.nes de la filière éolienne. Shawn Bourdages, de la Table régionale des organismes communautaires de la Côte-Nord, viendra de Baie-Comeau pour témoigner de la profonde inquiétude des communautés de la Côte-Nord de voir aboutir quatre grands projets industriels de production et d’exportation d’hydrogène.
Cette course vers la production privée d’énergie éolienne constitue une menace pour les rivières, puisque les industries ont besoin d’une source d’énergie hydroélectrique constante pour combler la variabilité de la production éolienne. Or, le PL 69 fait passer de 50 à 100 mégawatts le seuil qui permettra au secteur privé de proposer la construction de nouvelles petites centrales hydroélectriques sur tout le territoire et on s’inquiète des nouveaux pouvoirs qui pourraient permettre au ministre d’imposer des contrats de gré à gré entre Hydro-Québec et des promoteurs privés.
Le gouvernement semble avoir oublié ce qui s’est passé dans les années 1990, où des dizaines de promoteurs privés avaient alors mis la main, par différents stratagèmes, sur des sites avec comme objectif d’harnacher des rivières, ce qui mena au rapport d’enquête de 1997 de la Commission d’enquête sur l’achat d’électricité auprès des producteurs privés, après une année d’audiences présidées par le juge Doyon.
Ce rapport a fait état de nombreux dérapages dans l’attribution de contrats à des producteurs de tout acabit, avec très peu de contrôles gouvernementaux, sans compétition sur les prix et avec des conditions très lucratives qui le demeurent encore aujourd’hui, 20 ans plus tard. La Commission recommandait qu’Hydro-Québec procède par appel d’offres axé sur une parfaite définition des besoins énergétiques et offrant un cadre décisionnel indépendant des intérêts économiques locaux.
Notons l’absence de plan intégré des ressources dans le PL 69, qui permettrait justement de s’assurer d’une évaluation adéquate des besoins énergétiques du Québec pour la nécessaire décarbonation.
Finalement, le Québec dispose d’un avantage concurrentiel extraordinaire avec ses réservoirs d’une puissance installée de 33 000 MW. Les barrages, étroitement couplés à l’énergie éolienne, pourraient se transformer en véritables batteries de stockage hydrauliques. Multiplier le nombre de turbines sur des réservoirs déjà existants aurait certainement moins de conséquences négatives pour la biodiversité et plus de conséquences positives sur les profits d’Hydro-Québec que de construire de nouveaux barrages et turbines sur des cours d’eau vierges. Tout comme il deviendrait possible de transporter avec moins d’impacts cette énergie additionnelle dans les corridors électriques existants, quitte à les élargir, plutôt que d’en créer de nouveaux.
C’est là une opportunité qui serait en phase avec la récente stratégie éolienne d’Hydro-Québec, mais qui n’a pas été suffisamment documentée.
À propos de la Fondation Rivières
Depuis 20 ans, la Fondation Rivières œuvre à préserver, restaurer et mettre en valeur le caractère naturel des rivières et contribue à assurer la qualité de l’eau et l’accès à l’eau pour la population québécoise, en tenant compte des dimensions sociales, environnementales et économiques. Elle réalise des études sur la qualité bactériologique pour différentes municipalités, dont Beloeil et Chambly.
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