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Image d'inondation pour la lettre : Zones inondables: ne tirez pas sur le messager

La diffusion par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) de la version préliminaire de la nouvelle cartographie des zones inondables a été un choc pour les maires des municipalités affectées qui constatent visuellement que des milliers de résidences qui ont été inondées en 2017 et en 2019 se retrouvent maintenant… en zone inondable. Certains s’en prennent au ministère de l’Environnement et à ses nouvelles règles qui désignent maintenant ces secteurs selon leur exposition aux risques d’inondations, de faible à très élevée. « Ils auraient dû laisser ça aux municipalités. Et on aurait fait des règlements en conséquence », affirme un élu municipal dans un article du Devoir paru le 1er octobre

Au contraire, il faut un arbitrage provincial et nous, de la Fondation Rivières, disons « Bravo! » au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre le changement climatique, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) qui a eu le courage de s’appuyer sur la science et de présenter la réalité telle qu’elle est. Son projet de modernisation du cadre réglementaire applicable aux zones inondables est ambitieux et réaliste, puisqu’il intègre les bouleversements attendus des changements climatiques et se dote d’outils cartographiques mis à jour. 

Dans son cadre réglementaire, le Ministère tient aussi compte du concept de « zones de mobilité » des cours d’eau. L’eau doit circuler et si on l’empêche de se rendre à un endroit, elle va en inonder un autre. Les résidents de Sainte-Marthe-sur-le-Lac sont heureusement protégés par une digue, mais cette protection a une conséquence pour les voisins qui, eux, reçoivent plus d’eau lorsque les niveaux grimpent, avec à la carte des décrochements de berges et de l’érosion. La proposition de la CMM d’avoir des appellations et des normes distinctes pour les secteurs comportant une infrastructure de protection, comme une digue, est inquiétante, puisqu’elle laisse entendre que ces zones ne sont plus à risque d’inondation et que de construire une digue devrait être la règle, alors que ça doit rester l’exception.

Dans son cadre réglementaire, le Ministère tient aussi compte du concept de « zones de mobilité » des cours d’eau. L’eau doit circuler et si on l’empêche de se rendre à un endroit, elle va en inonder un autre. Les résidents de Sainte-Marthe-sur-le-Lac sont heureusement protégés par une digue, mais cette protection a une conséquence pour les voisins qui, eux, reçoivent plus d’eau lorsque les niveaux grimpent, avec à la carte des décrochements de berges et de l’érosion. La proposition de la CMM d’avoir des appellations et des normes distinctes pour les secteurs comportant une infrastructure de protection, comme une digue, est inquiétante, puisqu’elle laisse entendre que ces zones ne sont plus à risque d’inondation et que de construire une digue devrait être la règle, alors que ça doit rester l’exception.

De nombreux quartiers ont été construits en zones inondables et nous ne referons pas le passé. Il faut faire preuve de solidarité avec ces propriétaires riverains et favoriser des mesures de compensation là où c’est possible, mettre en place des initiatives de résilience, créer des zones capables d’absorber l’eau lors des fortes précipitations, mais également donner de l’espace aux rivières et reconnaître qu’aucune digue du monde ne pourra retenir l’eau qui déborde intensément.

De plus, il faut distinguer les constats de la science de ses conséquences financières. Les institutions financières ont déjà pris en compte le risque économique de construire en zone inondable avec ou sans digue. La valeur de ces propriétés a déjà pâti de cette réalité et la nouvelle réglementation ne changera rien à cela.

Une fois le choc passé, une opportunité de repenser les milieux de vie et les zones inondables

Les changements climatiques nous obligent à adapter nos territoires. Ce processus est une opportunité de se doter collectivement de plus d’accès à la nature, de parcs riverains, de protéger ou de restaurer les milieux humides dans ces zones inondables. On peut s’inspirer des Pays-Bas où l’initiative nationale Room for the River a permis de réaménager des plaines alluviales pour limiter l’impact des inondations, tout en offrant des zones d’espace naturel accessibles au grand public. Deux ingrédients sont toutefois nécessaires pour mener à bien ces transformations. 

Premièrement, une discussion collective doit avoir lieu sur ces sujets, afin que les décisions soient prises à l’échelle des territoires, et non individuellement, et que tous les acteurs se retrouvent autour de la table : citoyens, municipalités, mais aussi assureurs et ministères. Comme le mentionne très bien la CMM, il est grand temps d’aborder et de débattre de ces questions qui deviennent urgentes.

Deuxièmement, des moyens financiers doivent être dégagés pour permettre la concrétisation de ces mesures : il ne suffit pas de financer l’élaboration de plans d’action, les mesures d’adaptation doivent être prises en charge, comme le rachat des habitations trop à risque, les mesures d’immunisation, etc. Il est impératif de donner les moyens aux municipalités et aux citoyens de se mobiliser afin de faire les changements qui s’imposent.

En effet, une fois la réglementation adoptée, les quartiers en zone inondable ne doivent pas être abandonnés aux aléas et au bon vouloir de quelques programmes de compensation spécifique lors des événements d’inondation : il est nécessaire de doter les municipalités d’outils, financiers et de gestion, pour qu’elles puissent repenser avec leurs citoyens à la valorisation et à la transformation de ces secteurs.  

La nouvelle réglementation du MELCCFP pave la voie en mettant en place des cartographies et des mesures réglementaires représentant la réalité des changements climatiques. Il est temps de se doter de moyens, financiers et collectifs, pour mener à bien les changements nécessaires pour une société plus sûre et résiliente.

Maëlle Tripon, chargée de projet 

Fondation Rivières

André Bélanger, directeur général

Fondation Rivières

Pour lire notre lettre sur les zones inondables dans le Devoir, cliquez ici.

Pour en savoir plus sur les concepts d’espaces de liberté et de mobilité, cliquez ici.

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