Imaginez: une tempête frappe, les lignes électriques tombent, et votre ville plonge dans le noir. Mais, dans votre quartier, les lumières restent allumées, le réfrigérateur ronronne et le chauffage continue de fonctionner. Eh non, ce n’est pas de la magie! C’est la réalité des microréseaux intelligents.
Dans un contexte où le Québec revoit en profondeur sa planification des ressources énergétiques, l’idée de produire et de gérer l’électricité autrement gagne du terrain. Les microréseaux pourraient représenter une alternative viable à la construction de nouveaux barrages ou centrales au fil de l’eau. Mais qu’impliquent ces systèmes encore méconnus?
Qu’est-ce qu’un microréseau intelligent ?
Un microréseau intelligent désigne un ensemble d’outils technologiques assurant une gestion optimisée d’un petit réseau électrique. Similaire à d’autres types de réseau, il dispose de différentes sources de production (solaire, éolienne, biomasse, petite hydraulique, etc.) et des systèmes de stockage (souvent des batteries). Avec l’usage de panneaux solaires sur des toits, la clientèle peut elle-même produire de l’énergie et injecter ce qu’elle ne consomme pas sur le microréseau. C’est ce qu’on appelle des « pro-consommateur ".
Toutes ces installations sont de bien plus petite échelle que celles d’un grand réseau comme celui d’Hydro-Québec. Elles peuvent alimenter un bâtiment, un quartier ou, dans certains cas, une petite ville.
On parle de réseau « intelligent » parce qu’il utilise des outils numériques très précis permettant d’équilibrer la production et la consommation en temps réel. Ces technologies de communication et de contrôle optimisent la consommation (notamment lors de la fameuse pointe!), réduisent les pertes d’énergie et permettent d’intégrer les énergies renouvelables de façon fluide. Il est même possible d’y connecter des appareils bidirectionnels qui peuvent stocker de l’énergie et qui peuvent approvisionner le réseau comme des voitures électriques.
Le microréseau intelligent peut fonctionner en étant connecté au réseau central (dans notre cas ce serait Hydro-Québec) ou en autonomie complète. La plupart des microréseaux intelligents utilisent une fonction appelée « îlotage », soit une option de déconnexion temporaire. Cela permet notamment de continuer à alimenter les usages essentiels en cas de panne sur le réseau principal.
Comment ça fonctionne au quotidien ?
Un microréseau intelligent est composé de ressources énergétiques décentralisées. Celles-ci peuvent être classées selon trois catégories: les installations de production chez les particuliers (des panneaux solaires sur les toits), les systèmes de stockage intégrés en milieu résidentiel (des batteries) ou encore les charges contrôlables, soit des appareils dont l’utilisation peut être modulée intelligemment en fonction de la demande et de la disponibilité de l’énergie. Cette dernière catégorie comprend entre autres les systèmes de chauffages contrôlés par des thermostats intelligents ou encore les voitures électriques.
Pensez au microréseau comme à un chef d’orchestre: chaque ressource énergétique décentralisée est un instrument et les technologies de contrôle permettent au microréseau d’assurer une harmonie. En détectant et collectant des données grâce à des capteurs, le microréseau peut produire et distribuer l’énergie avec justesse et précision.
Microréseau intelligent: quels avantages pour les communautés ?
En fonction de leur contexte d’implantation, ils peuvent renforcer la résilience et l’autonomie énergétique, faciliter l’implantation de production renouvelable locales et augmenter la sobriété énergétique.
Bien que les bénéfices économiques et environnementaux varient selon les réseaux, une tendance forte se dégage: leurs retombées sociales sont particulièrement prometteuses. Ces réseaux permettent d’intégrer la population à la gestion et à la production de l’énergie. Ce faisant, la communauté développe rapidement un sentiment de fierté, un engagement envers le processus et une forte cohésion sociale.
Quel avenir pour les microréseaux intelligents au Québec ?
Les microréseaux intelligents ne remplaceront certainement pas le réseau public d’Hydro-Québec, mais ils peuvent le compléter et le rendre plus résilient. C’est d’ailleurs une avenue qui a été explorée avec au Lac Mégantic.
About the author
Éléonore Dufresne
Éléonore était stagiaire au sein de la Fondation Rivières. Elle a travaillé sur les enjeux énergétiques.
