Voyage en kayak : récit d’aventures sur le fleuve mouvementé
Cet hiver, mon conjoint et moi avons eu beaucoup de temps pour rêver d’un temps plus chaud et d’aventures en plein air. Nous avons commencé à planifier un voyage pour visiter une région de la province qui nous intriguait profondément : la Côte-Nord. Jean-Thomas, mon partenaire et officier de bateau, a vu ses côtes rocheuses à partir des navires sur lesquels il a travaillé. Pour ma part, je n’étais jamais allée plus loin que Sept-Îles. Nous nous sommes donc fixé un défi : celui de partir à l’aventure à bord de notre kayak tandem et de camper au gré de nos déplacements le long de la côte du fleuve Saint-Laurent.
Planifier une expédition sur la Côte-Nord
Cette aventure, qui s’est déroulée à la fin du mois de mai, a évidemment nécessité une planification minutieuse. Mon partenaire s’est chargé de l’essentiel de la préparation le mois précédant notre voyage, et nous sommes partis camper toutes les fins de semaine afin de tester notre matériel et de préparer nos esprits (et nos bras!) au défi qui nous attendait. Nous avons ainsi campé aux îles de Sorel (gardez un œil sur le projet excitant que nous réalisons dans la région cet été!), et nous avons pratiqué nos techniques de navigation dans les Laurentides bien avant la saison de camping habituelle.
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Quoi manger lorsqu'on part à l'aventure?
Lorsque la mi-mai est arrivée, nous avions assemblé et testé notre équipement, et savions exactement comment l’organiser. Jean-Thomas avait préparé une rotation de repas déshydratés : pâtes au pesto, poulet au beurre, chili et ragoût de lentilles. J’avais préparé un mélange de gruau à haute densité énergétique pour commencer nos matinées. Les déjeuners se composaient de pain de seigle avec des sardines ou d’autres conserves. Nous avions un système de filtration et de désinfection de l’eau et un sac épique de collations. Il ne restait plus qu’à faire les 15 heures de route jusqu’à Kegaska, où notre voyage allait commencer.
Point de départ : Kegaska, fin de la route 138
Kegaska, c’est l’endroit où se termine la route 138. Pour se rendre dans les villages côtiers au nord de Kegaska, il faut prendre l’avion ou le bateau.En hiver, on peut emprunter la route blanche en ski ou en motoneige.
Ainsi, tôt le dimanche 22 mai, c’est à Kegaska que nous avons mis notre kayak à l’eau. Juste avant, nous avons activé notre appareil de repérage par satellite et informé notre famille et la garde côtière de notre départ ainsi que de notre date de retour prévue.
Quand le mal de mer se met de la partie
Tout allait bien pendant la traversée de la première baie, jusqu’à ce que j’ai le mal de mer. J’ai réussi à tenir les deux premières heures, mais lorsque nous avons dû traverser une baie avec une houle de 5 pieds, mon moral a commencé à baisser. Aucune quantité de bonbons au gingembre n’allait me rendre plus enthousiaste à l’idée de traverser cette dernière portion, et la présence de rochers cachés près du littoral nous a fait hésiter à faire le tour de la baie.
Vous savez ce qui a fini par m’aider? Ma dignité. La présence de la garde côtière, qui nous attendait patiemment à proximité, m’a donné le coup de pouce dont j’avais besoin, car il était hors de question que je me plaigne pendant qu’ils s’informeraient en riant de l’état de nos estomacs.
Nous avons donc pagayé une bonne heure et sommes arrivés à une belle anse où nous nous sommes installés pour la première nuit de cette aventure sur la Côte-Nord. Comme nous arrivions à marée basse, nous avons dû sortir et marcher avec notre kayak jusqu’au site ciblé, ce qui allait devenir une habitude les prochains jours. Nous allions partir avec la marée haute le matin, arrêter pour déjeuner en cours de route et arriver avec la marée basse en milieu d’après-midi. Déballer nos affaires, installer notre camp et prendre le temps de nous reposer avant de faire une petite randonnée et de préparer nos soupers. Nous avions apporté des livres et un jeu de cribbage pour les soirées, mais nous étions généralement trop épuisés pour veiller tard.
De la grandeur dans les petits moments
Mon mal de mer a persisté le deuxième jour de ce périple de kayak en Côte-Nord, lors duquel nous avons dû affronter de forts vents de face. J’ai eu besoin d’encouragement pour me rendre à destination ce jour-là, mais la récompense en a valu le coup : nous sommes arrivés sur un magnifique croissant de plage sablonneux où sillonnait un petit ruisseau et où se dessinait un ciel pastel grandiose.
D’autres moments remarquables de notre voyage de kayak en Côte-Nord ont été l’exploration de formations géologiques impressionnantes, les rencontres avec les nombreux oiseaux de la région (mon préféré étant les sternes arctiques qui dansaient et plongeaient pour trouver des poissons autour de nous) et les nombreux couchers de soleil magnifiques que nous avons pu voir disparaître sur la côte rocheuse.
S’adapter aux imprévus
Le sixième jour, nous avons pris la décision d’écourter notre dernière nuit de camping, car le lendemain devait être pluvieux avec des rafales de 70 km/h. Heureusement, nous avons trouvé un hébergement de dernière minute à Unamen Shipu, où nous avons séjourné dans une magnifique cabine – et oh le luxe – pris notre première douche chaude après avoir dormi dehors toute la semaine! Le lendemain, la famille Bellefleur, qui œuvre en santé communautaire, nous a fait visiter la réserve et le village La Romaine, partageant avec nous leurs expériences de vie dans cette communauté. Je ne remercierai jamais assez Isabelle de nous avoir accueillis si chaleureusement et d’avoir pris le temps de nous partager la riche histoire de la région.
Un retour à Montréal difficile
Notre voyage de camping d’une semaine en Côte-Nord s’est terminé avec l’arrivée de Bella Desgagnés. Avec notre équipement et notre kayak emballés, nous sommes montés à bord de ce navire cargo qui embarque à la fois des passagers et de la marchandise, à destination de Kegaska. Là, notre vieille, mais fidèle Subaru nous attendait. Ce qui nous avait pris 7 jours à explorer en kayak, nous allions le parcourir en 2,5 heures… habituellement! Mais les vents de 70 km/h qui avaient écourté notre temps sur l’eau ont ralenti un grand navire comme Bella. Nous sommes donc arrivés à Kegaska à l’heure, mais les vents ont rendu impossible un accostage sécuritaire. Nous avons fini par passer la plus grande partie de la nuit à bord – et vous l’avez compris – j’ai essayé du mieux que j’ai pu de dormir malgré une autre dose de mal de mer.
Ces jours-ci, j’ai les deux pieds fermement sur terre et je suis de retour à Montréal. L’odeur salée de la baie du Saint-Laurent me manque déjà. Bien que les journées soient ensoleillées, nous avons déjà commencé à penser à notre prochain voyage dans le Nord. Cette fois-ci, nous partirons probablement d’Unamen Shipu pour nous rendre à Harrington Harbour! Mais d’ici là, je serai sur l’eau ici, dans le sud du Québec, à explorer les magnifiques régions à notre porte.
Lena Szymoniak
Lena est notre ancienne chargée de projets en qualité de l’eau. Formée en sciences de la terre et en traitement de l'eau, elle s'intéresse aux questions de réglementation environnementale et à la participation du public à la gestion de nos ressources naturelles.