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Qualité de l’eau des rivières : quand les mégaporcheries se mettent de la partie

Rivière Batiscan - crédit : Gilles Douaire / CC

Le projet de construction d’une mégaporcherie à Saint-Adelphe, en Mauricie, soulève des inquiétudes quant aux conséquences sur la qualité de l’eau de la rivière Batiscan et des cours d’eau environnants. Si la construction a été mise sur pause le 31 janvier, la bataille n’est pas gagnée pour autant.

Le phosphore, néfaste pour les cours d’eau

L’épandage de lisier de porc, issu des mégaporcheries, a un impact réel sur la santé des rivières. Comment? La contamination se produit lorsque des nutriments, dont le phosphore, l’azote, le nitrate et les pesticides, sont acheminés par ruissellement vers les cours d’eau. Les rejets de contaminants d’origine agricole causent ainsi leur eutrophisation, l’équivalent d’un vieillissement prématuré, puis la destruction des écosystèmes aquatiques. 
Stéphane Campeau, spécialiste des bassins versants et des systèmes aquatiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières, rappelle dans un article paru dans Le Devoir qu’il ne faut pas augmenter les concentrations de phosphore dans les cours d’eau. Le spécialiste estime qu’il est « de deux à trois fois trop élevé, voire souvent dix fois trop élevé au printemps » dans les petits cours d’eau.

L’arbitre qui refuse d’arbitrer

Cela dit, l’enjeu n’est pas que d’ordre environnemental, mais aussi législatif. Puisque la construction d’une porcherie de 4 000 porcs et plus déclencherait un Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE), et que le promoteur prévoit diviser ses installations en trois porcheries de 3 999 porcs chacune, il est évident que celui-ci tente de contourner les règles du jeu. 

La bonne nouvelle, c’est que le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a le pouvoir de freiner de telles ruses grâce à l’article 31.1.1 de Loi sur la qualité de l’environnement, comme le rappellent Louis-Gilles Francoeur et Michel Bélanger dans Le Devoir. C’est ce qu’ont réclamé Eau Secours et Fondation Rivières au MELCC, dont les voix se sont ajoutées à celles du regroupement citoyen Vers un val vert ainsi que d’autres organismes et experts dans une lettre ouverte le 27 janvier. 

Malheureusement, la réponse du ministre est claire : il n’entend pas utiliser son pouvoir discrétionnaire dans ce dossier.

Revoir les règles du jeu

Le projet de mégaporcherie met ainsi en relief des lacunes en matière d’attribution d’autorisations. Pour Fondation Rivières voici quelques autres pistes de solutions envisageables :

1. Exiger une étude des rejets en phosphore

Le MELCC n’exige présentement aucune analyse détaillée des rejets en phosphore dans l’environnement. Avant d’autoriser un tel projet, il importe qu’une telle étude soit réalisée, et rendue publique, afin de connaître les surplus qui risquent de se retrouver dans les rivières ou la nappe phréatique. 

2. Prendre en compte les effets cumulatifs

Présentement, les autres sources de pollution déjà présentes sur un territoire ne sont pas bien prises en compte lors de l’autorisation d’un projet. Tout écosystème a une capacité limitée à nous fournir des ressources, que ce soit de l’eau de qualité ou des sols fertiles. L’autorisation d’un nouveau projet doit prendre en compte cette limite afin de s’assurer de préserver la vitalité de nos cours d’eau et de la prospérité de nos champs agricoles.

3. Plus de transparence

La procédure d’autorisation actuelle ne prévoit aucun accès à l’information et aux documents préparés par les promoteurs. Une simple soirée d’information ne peut à elle seule permettre d’obtenir une acceptabilité sociale. Il faut que la documentation soit rendue accessible de même que l’analyse du MELCC afin de connaître les engagements et attentes des intervenants. Actuellement, les citoyens sont mis devant les faits une fois l’autorisation émise.

Une petite victoire… temporaire 

Rappelons que si le promoteur de la mégaporcherie de Saint-Adelphe a, de son propre chef, demandé de reporter sa demande de permis de construction, il n’abandonne pas le projet pour autant. La partie n’est pas terminée : reste à voir si elle se poursuivra avec des règles justes pour les citoyens et les ressources naturelles du Québec. Voilà pourquoi Fondation Rivières demande que le BAPE soit mandaté pour identifier tous les aspects devant être pris en compte dans de tels dossiers

 

Pour aller plus loin : Des spécialistes plaident pour une refonte du système agricole

 

Crédit photo : Gilles Douaire / CC

 

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