La Fondation Rivières a déposé un mémoire au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concernant le projet de mise en valeur hydroélectrique de la rivière Ouiatchouan au Village historique de Val-Jalbert, dont voici les conclusions.
Les documents, informations et échanges réalisés dans l’évaluation du projet permis d’identifier une série de conséquences majeures et inacceptables. Ce projet prévoit des bénéfices économiques tout à fait marginaux de tout au plus 8,42 $ par citoyen par année dans 10 ans!
Plusieurs informations manquent au dossier afin d’évaluer tous les enjeux du projet. Différents avis ministériels soulignaient d’ailleurs ces insuffisances d’informations mais des directives ministérielles ont eu pour conséquence qu’un avis de recevabilité a été émis prématurément.
Économie
Soulignons d’abord que l’estimation de coûts de 2009 n’a pas été mise à jour suite à toutes les modifications apportées et qu’elle n’a pas été déposée sous forme d’un bordereau de soumission (prévu au mandat de BPR). Cela ne permet pas de vérifier ce qui est inclus et que les imprévus sont manifestement sous-estimés à seulement 10 %. De plus, toutes les données financières sont exprimées en flux de trésorerie, ce qui trompe la perspective de rentabilité. Selon les données actualisées du promoteur, les bénéfices pour l’ensemble des communautés après 20 ans ne seront en moyenne que de 648 510 $ au lieu de 1 491 706 $ tel que présenté à la population.
Environnement
En ce qui concerne les aspects environnementaux, le projet occasionnerait l’assèchement de la rivière Ouiatchouan sur 900 mètres, des chutes Maligne et Ouiatchouan, avec un débit de seulement 0,3 m3/s pendant 79 % du temps. Le promoteur ne considère aucunement que ce territoire en amont de la chute, dans le Parc, constitue un attrait touristique d’importance, actuel
et à devenir, en toute saison. Le débit proposé par le promoteur ne répond qu’à des objectifs de rentabilité. Aucune démonstration n’a été faite démontrant une certaine viabilité à ce niveau malgré la demande du MRNF.
Culture
Le patrimoine historique du site, d’intérêt national, serait pour sa part considérablement altéré avec l’introduction d’éléments architecturaux inappropriés (bâtiment contemporain au cœur du Village historique, prise d’eau, chemin d’accès, canal d’évacuation), de modification de la beauté des lieux (assèchement de la rivière, déboisement, remblaiement, etc.) et l’introduction d’activités d’interprétation sur la production d’hydroélectricité. Or, la préservation du caractère historique nécessite le respect intégral de tous ces aspects.
Transparence
La gestion du projet apparaît également truffée de conflits d’intérêts : sociétés multiples, intérêts conflictuels avec la mission de préservation et de saine gestion du Parc, attribution de contrats sans appel d’offres ou sans concurrence, gestion des débits problématique et non définie, etc. De plus la structure administrative du promoteur occasionnera des dépenses majeures. Les coûts d’exploitation sont d’ailleurs estimés à 1,2 M$ dès la première année. Plusieurs recommandations de la Commission d’enquête sur la politique d’achat par Hydro-Québec d’électricité auprès de producteurs privés devraient être considérées dans de tels dossiers.
Enfin, la procédure de pré-consultation et les sondages démontrent que la population n’a pas été informée de conséquences du projet. Plusieurs citoyens ont d’ailleurs estimé qu’ils n’étaient pas en mesure de se prononcer. La période de pré-consultation organisée par DPI, a essentiellement constitué en une campagne de promotion à partir d’informations parcellaires. D’importante inquiétudes s’y sont exprimées. Mais une vraie consultation référendaire n’a pas été tenue.