Normand Beaudet, responsable à la mobilisation à la Fondation Rivières, s’exprime au sujet du dossier TES Mauricie et de la mobilisation contre les méga-éoliennes. La Fondation Rivières s’en inquiète. Miner l’acceptabilité sociale de la filière éolienne est une menace pour les rivières, car nous avons besoin de l’éolien pour atteindre nos objectifs de décarbonation.
Méga-éoliennes, la mobilisation TES Mauricie
Quand le gouvernement parle de développement éolien en ce moment, il est question de méga-éoliennes développées par le privé. On parle de parcs de centaines d’éoliennes de plus de 6 MW, et de plus de 200 mètres de haut – soit près de la hauteur de la Place Ville-Marie à Montréal -, sachant qu’une éolienne de taille régulière de 2-3 MW est d’approximativement 120 mètres. De telles installations auront un immense impact sur nos paysages et nos terres et la population et les élus réagissent fortement à cette idée. Les gens de la Mauricie sont actuellement mobilisés contre TES qui cherche à implanter un parc d’éoliennes en pleines terres agricoles.
Approche cow-boy dans le far-west énergétique
L’approche cow-boy est imposée aux citoyens et aux élus locaux par rapport au développement de la filière éolienne par le privé. Dans toute cette précipitation, l’acceptabilité sociale de l’éolien est torpillée. Si la filière éolienne ne peut se développer sainement pour répondre aux besoins énergétiques, le gouvernement va se tourner vers d’autres solutions.
Autre élément inquiétant: l’industrie a besoin d’une production électrique constante. Or, par définition, l’énergie éolienne est variable. Il faut donc une source prévisible pour compenser les variations du vent et ce sont les centrales hydroélectriques qui permettent d’assurer cette stabilité. Et comme les centrales sont déjà utilisées à pleine capacité pour répondre à la demande, on peut s’attendre à ce que la pression industrielle pour l’aménagement de nouveaux barrages augmente en flèche dans les années à venir.
Dans ce contexte, le danger de vouloir harnacher des rivières revient en force. Soyons mobilisés pour la protection des rivières.
Norman Beaudet
Normand travaille comme responsable, stratégies de mobilisation, énergie et climat pour la Fondation Rivières
Crédit photo: RADIO-CANADA / SANDRA FILLION