25 large wild rivers under threat
Protégeons les dernières grandes rivières sauvages
La Fondation Rivières s’inquiète de voir les dernières grandes rivières sauvages du Québec menacées, à l’heure où la protection du territoire est capitale. Il faut s’assurer que ces rivières ne soient pas ciblées pour construire des barrages hydroélectriques avec réservoirs. En dépit des silences d’Hydro-Québec, nous avons colligé l’information publique disponible, ce qui nous permet aujourd’hui d’identifier les 25 grandes rivières sauvages menacées.
Cartographie des 25 grandes rivières sauvages
La Fondation Rivières présente 25 rivières sauvages qui sont menacées par la construction de grands barrages hydroélectriques. Nous avons ciblé uniquement les grandes rivières sauvages avec un potentiel pour former un réservoir, qui permet d’emmagasiner l’énergie des barrages. On peut identifier trois grandes régions où se retrouvent les grandes rivières menacées par la construction de barrages hydroélectriques, soit: la Côte-Nord, le Nunavik et la Baie-James / Abitibi. Nous vous présentons aussi trois grandes rivières qui ont le statut de réserve aquatique projetée. Ces rivières sont dans un processus pour être adéquatement protégées, et nous pensons qu’elles peuvent servir de modèle inspirant pour la protection des autres grandes rivières.
Impact des barrages hydroélectriques
Le coût écologique et social de l’hydroélectricité a longtemps été ignoré. Près de 30 000 km2 de territoire ont déjà été perturbés, inondés ou artificialisés par la construction des infrastructures nécessaires aux barrages hydroélectriques (digues, lignes à haute tension, etc.) depuis 60 ans. À titre de comparaison, c’est comme si on avait inondé toute la région entre Montréal et Québec sur 120 km de largeur. Les perturbations ont affecté à jamais les écosystèmes et les territoires ancestraux des Premières Nations. Le prix à payer fut très lourd pour les Inuits, les Cris et les Innus dont le territoire a été saccagé.
Agissez pour protéger nos dernières grandes rivières sauvages
« Hydro-Québec semble peu se soucier de ce que pense la communauté et cela nous met très en colère. »
Raymond Bellefleur, chef d’Unamen Shipu
Destruction des habitats par les barrages
L’hydroélectricité émet peu de gaz à effet de serre, mais elle amplifie la crise de la biodiversité. L’érection d’un barrage détruit à jamais un très grand nombre d’habitats qui sont ennoyés par la création de réservoirs, mais aussi par le fait qu’on « ouvre » aux chasseurs et aux pêcheurs un écosystème fragile qui était jusque-là protégé. Les études d’impact du complexe Grande-Baleine montrent que le principal impact négatif de la construction des barrages sur la biodiversité est d’avoir ouvert le territoire pour le rendre accessible, avant même les impacts négatifs de l’ennoiement. La construction de nouveaux barrages nuit à l’atteinte de l’engagement du Canada à protéger 30% de son territoire conformément au Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) Kunming-Montréal, négocié lors de la COP15.
« Il faut protéger le territoire. Parce que le territoire, il est vivant. La rivière, la forêt, nos montagnes, ce sont nos monuments. [...] Les relations doivent être améliorées. Le gouvernement du Québec doit repenser les redevances qu’il perçoit du Nitassinan. Vous appelez notre territoire, notre région, notre comté, mais vous oubliez que nous étions ici, nous sommes là, et on va être là, alors il faut repenser le modèle. Je ne sais pas quand je vais entendre que la Muteshekau-Shipu, la rivière Magpie, est intouchable. Monsieur Legault, vous allez apprendre un mot bien simple: Mawat. C’est non: Mawat, Mutehekau-Hipu. Et ça, ça va faire un bon pas vers la réconciliation.»
Jean-Charles Piétacho, chef du Conseil des Innus d’Ekuanitshit
Le Québec possède un système hydrique parmi les plus foisonnants du monde avec plus de 3500 rivières. Nous devons prendre la pleine mesure des joyaux à chérir que sont les rivières sauvages, alors que l’eau est menacée partout dans le monde. Si nous ne protégeons pas définitivement nos rivières et leur espace vital, nous paierons le prix d’une urgence fabriquée au nom de la croissance économique, en faisant fi de la réelle richesse irremplaçable que sont nos territoires et nos rivières. Quand toutes nos rivières seront harnachées et le territoire ravagé, que restera-t-il de nous?