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Berge Olivier-Charbonneau à Laval

Berges, rives, littoral : autant de mots pour décrire un endroit où il fait bon se ressourcer et mettre les pieds, une embarcation ou sa canne à pêche à l’eau. C’est aussi un lieu de convergence entre l’eau et la terre où résident bon nombre de créatures vivantes. À l’aube de la COP15 – Conférence des parties sur la biodiversité qui se déroule du 7 au 19 décembre à Montréal, on vous invite à nous suivre chez sa voisine, Laval, qui, grâce à ses nombreuses berges publiques, a le potentiel de devenir un modèle de planification du territoire favorisant la biodiversité à condition d’y allouer les investissements nécessaires.

Insularité pleine de potentiel, mais mal exploitée

Laval ne compte pas moins de 45 berges publiques et accessibles à tous et toutes, ce qui représente 10% de son littoral. Malheureusement, plusieurs d’entre elles présentent un aménagement peu propice aux milieux de vie d’espèces terrestres et aquatiques. C’est ce qu’on a constaté lors d’une d’une visite d’une douzaine d’entre elles en compagnie de l’ex-directeur du CRE de Laval, Guy Garand. 

Trop souvent, on pouvait apercevoir des rives abruptes, une absence de couvert végétal ou du remblaiement, compromettant la connectivité entre les milieux ou la qualité de ces milieux.

La berge des pinsons présente des enrochements importants, freinant le déplacement des espèces

Ces berges bordent la rivière des Prairies ou la rivière des Mille Îles, dans laquelle on retrouve plus de 65 espèces de poissons, dont le chevalier cuivré, une espèce en voie de disparition. Deux aires protégées visent d’ailleurs la conservation de sa faune et de sa flore : la réserve écologique de l’Île-Garth et le Parc de la Rivière-des-Mille-Îles. Ville de Laval souhaite multiplier la superficie de ce dernier par 20, témoignant de sa volonté de faire mieux en matière de protection de l’environnement.

Plusieurs de ces berges ont été aménagées il y a longtemps. On peut comprendre que les préoccupations environnementales n’étaient pas encore au goût du jour, et que l’expertise n’était pas là où elle peut l’être aujourd’hui. Ceci dit, les berges du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles ne respectent pas les meilleures pratiques favorisant la biodiversité alors qu’elles ont été aménagées en 2021. Par exemple, un tapis empêche la végétation de pousser et une piste cyclable en gravier a été érigée, ce qui génère un transport de sédiments vers la rivière au printemps lorsque son niveau monte rapidement. 

COP15 : un moment clé pour l’avenir des espèces

Dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques et de la crise de la biodiversité, la Ville de Laval gagnerait à naturaliser ces berges rapidement afin d’en faire de nouveaux refuges pour le vivant ainsi que des zones résilientes face aux inondations récurrentes au printemps. 

On sait de source sûre que le réaménagement des berges est dans les cartons de la Ville de Laval dans le contexte de la Trame verte et bleue, « un réseau structuré de milieux naturels aménagés à des fins récréotouristiques dans une perspective intégrée et globale » piloté par la communauté métropolitaine de Montréal (CMM). On sait que la Ville a de bonnes intentions, qu’elle est dotée d’un solide département en environnement et d’un réseau de partenaires tout aussi solide tel que le CRE de Laval. On a donc hâte de voir se concrétiser ce projet.

Tortues au marécage Tylee dans la rivière des Mille Îles. Crédit : André Chevier

Chose certaine, la COP15 représente une occasion en or pour le Canada d’adopter un cadre mondial de la biodiversité ambitieux qui aura le pouvoir de servir d’exemple aux provinces, villes et municipalités.

Recommandations du Collectif COP15 en matière de berges

L’une des recommandations du Collectif COP15, formé par plus de 60 organisations de la société civile, s’articule justement autour de la planification territoriale (cible 1) de sorte à donner la primauté à la préservation de la biodiversité dans la planification territoriale, afin d’empêcher l’artificialisation dans les milieux anthropisés et assurer l’atteinte des cibles internationales en matière de connectivité écologique et de protection. 

La restauration d’un minimum de 20% des écosystèmes dégradés d’ici 2030, en priorisant les habitats d’espèces indigènes, les milieux humides et riverains ainsi que les espaces naturels à proximité des grandes agglomérations, fait aussi partie des demandes (cible 2). 

Mais cet aménagement du territoire et cette restauration doivent se faire en conciliation avec le désir de la population de conserver un accès à l’eau. De fait, l’accès à la nature rejoint également le cadre mondial de la biodiversité (cible 12). Le Collectif COP15 recommande la création de nouveaux parcs urbains en vue d’offrir à tous les citoyens l’accès à des milieux naturels de proximité à moins de 300 mètres de leur domicile, tel que recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et favoriser un accès public aux cours d’eau. 

Ces cibles, qui seront discutées pendant la COP15, pourraient devenir une inspiration pour la Ville de Laval et d’autres municipalités pour qu’elles prennent des actions concrètes afin de prioriser le vivant avant toute autre forme d’intérêt. À condition de déployer les moyens financiers et organisationnels nécessaires, dans des délais justes.

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