LETTRE OUVERTE
« L’eau est une question de vie ou de mort »
– Antonio Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
À l’aube de la COP15, où des représentants des pays du monde entier se réuniront à Montréal pour discuter de la biodiversité, qui se détériore et dont le déclin ne fera que croître si le statu quo est maintenu, le Canada, pays hôte, aura une occasion unique et privilégiée de faire preuve devant la communauté internationale d’ambition et de détermination dans la défense, la protection et la préservation de la nature.
Le Canada devrait donc proposer des solutions novatrices, et nous sommes convaincus que l’une d’entre elles devrait porter sur l’eau et la biodiversité qui en dépend. Trop souvent, l’eau est mise en second plan dans nos réflexions sur les moyens d’atténuer ou de combattre la crise climatique, et ce, par le fait que le Canada dispose d’une quantité importante de cette ressource dans ses lacs, ses rivières, ses terres humides et ses aquifères. Le pays possède environ 20 % des réserves mondiales d’eau douce et 7 % de l’eau douce renouvelable du monde, pour une population représentant environ 0,05 % de la population mondiale. L’abondance de nos ressources en eau ne nous fait pas voir clairement les répercussions négatives qui ne cessent de se multiplier à son encontre.
Nous avons le privilège de disposer d’eau en quantité, une ressource si précieuse et essentielle à la vie. Avec cet immense privilège, nous nous devons, vis-à-vis de la communauté internationale, de la gérer et de la protéger de manière adéquate. Or, nous croyons et constatons que les actions du gouvernement sont insuffisantes à cet égard.
En ce sens, au Québec seulement, le Saint-Laurent et nos rivières sont en état de vulnérabilité écosystémique. Dans les basses terres du Saint-Laurent, la naturalité globale de nos rivières est faible, ce qui les prive de leurs fonctions écologiques. De plus, la majorité des espèces dont l’indicateur de statut est étroitement lié à l’eau sont en situation de précarité. Ceci est sans compter l’état de nos infrastructures hydrauliques qui ne cessent de se détériorer et nous font perdre des quantités importantes en eau, la pollution de l’eau, de nos rivières et de nos aquifères qui est à la hausse, l’état des autres provinces et bien d’autres. Les indicateurs sont clairs :, nous sommes confrontés à une crise de l’eau, qui affecte directement la biodiversité, partout au Canada.
Des solutions concrètes et des mesures ambitieuses pour améliorer la situation existent déjà et des groupes comme le nôtre les ont déjà partagées. Mais pour mettre en œuvre ces solutions et mesures, le gouvernement du Canada doit investir davantage pour mieux protéger nos fleuves, nos rivières, nos lacs, nos milieux humides et nos aquifères, la qualité de leur eau et la santé des résidents contre les impacts des changements climatiques et des substances toxiques, ainsi que les espèces qui y vivent et en dépendent.
Les gouvernements ne doivent pas mener cette bataille seuls, elle doit aussi être menée par la société dans son ensemble. Nous voulons être des partenaires de nos gouvernements et leur apporter notre expertise sur le sujet que nous connaissons le mieux, l’eau. Nous voulons défendre et protéger cette ressource. Pour ce faire, utilisons nos ressources en savoir et en connaissances, qui ne font que croître. La capacité d’innover et la culture du partage des solutions durables ne manquent pas au Québec, et nous devons en profiter et en tirer profit.
Le Canada doit être et se permettre d’être plus ambitieux sur le plan de l’eau, notre avenir en dépend. Le gouvernement du Canada doit donc profiter de la COP15 pour faire preuve d’ambition et montrer au reste du monde qu’il est déterminé à s’attaquer à cette crise de manière à réaliser les objectifs de la Convention sur la diversité biologique.
Par la Coalition québécoise pour des eaux saines
Ce texte est initialement publié dans la section Idées de Le Devoir
Photo : André Chevrier