Notre héros de l’année : l’homme qui sauve les rivières. Le Reader’s Digest n’y allait pas par quatre chemins en 2003 pour décrire notre cofondateur et président Alain Saladzius. Et avec raison : Alain Saladzius se voit décerner le titre de docteur honoris causa par l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec!
Trente ans après avoir été éveillé aux effets néfastes des petits barrages pour les communautés régionales, Alain reçoit un doctorat honorifique pour la mise en œuvre de notre organisme ainsi que pour sa contribution exceptionnelle à la protection et la mise en valeur des rivières québécoises, notamment dans l’opération Adoptez une rivière.
« L’astrophysicien et écologiste Hubert Reeves a déjà souligné “qu’à l’échelle cosmique, l’eau était plus rare que l’or”. C’est aussi le constat d’Alain Saladzius, lequel a non seulement voué sa carrière à la protection de cette ressource vitale, mais est aussi l’exemple parfait d’un citoyen engagé qui a su mettre son expertise au service de la société. »
Murielle Laberge, Rectrice de l’Université du Québec en Outaouais
Nous sommes très fières et fiers de lui et de ce que cette reconnaissance représente pour les accomplissements de la Fondation! Retour sur le parcours impressionnant d’un homme discret, mais déterminé.
Un « ingénieur-enquêteur » tenace
Diplômé de Polytechnique Montréal, Alain fait ses débuts au ministère de l’Environnement du Québec comme ingénieur chargé de projet en assainissement des eaux. En 1992, il constate avec consternation qu’un barrage hydroélectrique a asséché une portion de rivière en plus de saccager le paysage de son enfance, à Saint-Raphaël de Bellechasse, au profit de promoteurs privés.
Il commence dès lors à s’intéresser aux effets des barrages et des octrois de contrats douteux. Plus il fouille avec son alliée Anne-Marie Saint-Cerny, certains syndicats, journalistes et policiers, plus ils trouvent. Ils obtiennent différents témoignages qui les incitent à alerter le ministre de l’Énergie du nouveau gouvernement provincial. Leurs recherches mènent au déclenchement de la commission d’enquête publique Doyon qui livre un rapport troublant en 1997 sur le manque de contrôle étatique dans l’octroi de contrats, dont à certains promoteurs liés au crime organisé.
Coup d’envoi de la Fondation Rivières

Quelques années plus tard, les projets de petites centrales hydroélectriques privées, c’est-à-dire d’une production inférieure à 50 mégawatts (MW) sont de retour. Il n’en faut pas plus pour qu’Alain réagisse : en 2001, il initie et coordonne l’opération Adoptez une rivière afin d’empêcher le gouvernement provincial de détruire 36 chutes pour y construire des barrages. Alain reçoit le prix Phénix de l’environnement pour cet accomplissement.
Une centaine de bénévoles et une soixantaine d’artistes, incluant notre cofondateur Roy Dupuis, se joignent au mouvement chapeauté par cinq organismes. Ensemble, ils œuvrent pour faire reconnaître que les petites centrales causent des dommages importants à l’environnement en contrepartie de gains énergétiques négligeables. L’opération porte fruit : 33 des 36 chutes, encore dans leur état naturel, sont sauvées et des projets écotouristiques émergent.
Aidez-nous à protéger les chutes du Québec
Encore beaucoup de rivières à protéger
Depuis sa création, la Fondation a pu compter sur plusieurs bénévoles, sans qui elle ne serait pas là où elle est aujourd’hui. Cet esprit de solidarité lui a permis de se porter à la défense de nombreuses rivières ciblées par des projets de barrages : la Rupert, la Magpie, la Romaine, la Ouiatchouan, le Petit Mécatina.

Malgré les défaites, Alain est toujours resté impliqué dans ces batailles et a toujours pu compter sur Roy Dupuis et sa conjointe et actrice Christine Beaulieu. Dans sa pièce de théâtre documentaire J’aime Hydro, Christine questionne Alain sur l’instrumentalisation d’Hydro-Québec par le gouvernement du Québec.
Alain est toujours très actif, que ce soit sur le dossier de l’énergie, sur les sources de pollution qui affectent les cours d’eau du Québec ou sur les innovations technologiques qui permettent d’améliorer les connaissances et la gestion de l’eau. Avec la Fondation Rivières, il continue de rechercher, d’analyser, d’alerter les journalistes et d’interpeller les instances gouvernementales lorsqu’elles faillent à leur devoir.
Face au manque de vision du gouvernement dans plusieurs secteurs, notamment en matière d’énergie, Alain sera très occupé avec nous cet automne afin de valoriser des alternatives aux barrages plus intelligentes pour le portefeuille des Québécois.e.s et notre territoire, et ainsi continuer de sauver les rivières.