25 grandes rivières sauvages menacées
Dernières grandes rivières sauvages de la Côte Nord
Rivières menacées: Magpie, Aguanish, Natashquan, Olomane, Petit-Mécatina, Saint-Augustin, Saint-Paul
C’est sur le territoire des communautés Innus de la Côte-Nord qu’on retrouve les rivières les plus intéressantes pour Hydro-Québec. Il y a sept grandes rivières menacées dans sur la Côte Nord, dont la rivière du Petit Mécatina qui fait en ce moment l’objet d’une étude préliminaire sur le potentiel hydroélectrique par Hydro-Québec. Dans la foulée de l’ouverture du complexe La Romaine en avril 2023, Hydro-Québec a rappelé son intention de développer de nouveaux barrages sur la Côte-Nord avec la rivière du Petit Mécatina. Située à la limite du Labrador, la rivière du Petit Mécatina se jette dans le fleuve Saint-Laurent entre Natashquan et Blanc-Sablon et elle prend sa source au Labrador. Le gouvernement affirme vouloir y développer des barrages en évoquant la construction de centrales avec un potentiel de 1 200 MW sur la rivière, après la fin du projet de la Romaine.
Prolongement de la route 138: une route cruciale pour le développement de la région
Le prolongement de la 138 est au cœur des demandes des élus des communautés autochtones et allochtones de la basse Côte Nord. Sans route, pas de barrage, soutiennent les élus de ces régions isolées qui vivent une crise du logement sans précédent et qui y voient une perspective de prospérité économique.
La prolongation de la route et le harnachement de la rivière du Petit Mécatina ouvrent néanmoins la porte à la construction de barrages sur 5 autres rivières de la Côte Nord. Pour le gouvernement, ce sont d’abord les barrages qui servent de motif à prolonger la route. Ce chemin est très convoité par le privé qui voit une occasion de développer la filière hydrogène et l’éolien sur la Côte Nord. Cette route ne doit pas être faite pour répondre aux impératifs énergétiques de conquête du territoire dictés par les besoins énergétiques d’Hydro-Québec ou pour répondre aux rêves industriels du privé. Le prolongement de la 138 ne doit pas se faire au prix du sacrifice des rivières, mais d’abord et avant tout pour le bien-être des communautés locales qui désirent, en grande majorité, cette route.
Il faut savoir que la construction de cette route constitue un défi technique de taille et qu’elle va engendrer des coûts astronomiques, à cause de la rive escarpée de la Côte Nord et de l’instabilité des sols à certains endroits sur les rives du Fleuve Saint-Laurent, par-dessus des rivières et bras de mer à enjamber. Si les compagnies privées ciblent ce territoire pour y poser leurs éoliennes, le gouvernement n’envisage pourtant pas de leur refiler la note.
Impact de l’ouverture du territoire sur la Côte Nord
L’ouverture du territoire sur la Côte-Nord, par les routes et les chantiers développés, amène un désenclavement ayant un impact important sur les ressources naturelles soudainement plus accessibles. Ce morcellement du territoire contribue à la perte de biodiversité de la région par la prédation humaine facilitée par l’accès à de nouveaux territoires de chasse et de pêche. Bien que les communautés aient besoin de cette route pour leur épanouissement social et économique, l’ouverture du territoire l’expose au danger de le vider de ses ressources.
Négociations avec les Innus
Des négociations entre le gouvernement et les Innus sont un passage obligé avant d’entamer tout nouveau développement sur les rivières de la Côte Nord au sud du 55e parallèle. Les négociations seront très complexes, car les communautés ont été grandement affectées lors du développement du complexe de la Manic en 1965 alors qu’ils n’avaient reçu que des compensations dérisoires en échange de la destruction de leur territoire ancestral. Le gouvernement et Hydro-Québec ont agi dans les années 1960 sans même consulter les communautés autochtones, chose impensable aujourd’hui. Il y a un énorme rattrapage à faire puisque les Innus ont reçu des compensations financières dérisoires en comparaison de ce qui fut versé aux Cris et aux Inuits qui recevront plus de 6 milliards de dollars sur 50 ans en compensations pour des impacts similaires sur leur territoire dans la foulée de la construction de la Baie-James. La signature de l’entente de Pessamit conclue le 15 février 2024 ouvre pour la première fois la porte à des compensations. Des ententes similaires devront être négociées avec chacune des communautés touchées pour que les projets voient le jour.
Agissez pour protéger nos dernières grandes rivières sauvages
Ce barrage [la Manic], qui est aujourd’hui au cœur de 14 infrastructures majeures sur le territoire traditionnel de la communauté innue de Pessamit, sur la Côte-Nord, est devenu le symbole flagrant du colonialisme québécois au mépris des droits autochtones.
André Binette, constitutionnaliste spécialiste du droit autochtone
Rivière Magpie
La Magpie est située dans la région de Havre-Saint-Pierre, tout près de l’embouchure de la rivière La Romaine. L’Alliance Muteshekau-shipu s’oppose fermement à la construction de centrales. Le site est une réserve de la biodiversité et possède un important potentiel récréotouristique. La Magpie est un joyau naturel à protéger et les Innus et allochtones s’unissent pour s’assurer qu’aucun développement hydroélectrique ne vienne la perturber. La MRC et le Conseil des Innus d’Ekuanitshit se considèrent gardiens de la rivière. Même si elle se ferme par un barrage tout près de la route 138, nous l’avons incluse dans la liste des grandes rivières sauvages, car tout le reste est intouché. Elle a été nommée personnalité juridique en 2023, mais ce statut n’en fait pas une rivière réellement protégée de tout développement. Cette mention n’est que symbolique, puisqu’aucune d’assise juridique ne la protège vraiment aux yeux de la loi.
Liste des rivières sauvages de la Côte Nord (et Lac Saint-Jean)
Nom de la rivière | Débit module (m3/s) | Longueur (km) | Dénivellation (m) | Bassin versant (km2) | MW potentiels* |
---|---|---|---|---|---|
Aguanish | 164 | 257 | 671 | 5776 | |
Magpie | 179 | 290 | 610 | 7640 | 850 |
Natashquan | 369 | 378 | 579 | 16110 | |
Olomane | 137 | 257 | 472 | 5439 | |
Petit Mécatina (du) | 429 | 451 | 610 | 19580 | 1200 |
Saint-Augustin | 292 | 193 | 427 | 9510 | |
Saint-Paul | 165,9 | 161 | 347 | 7370 |